Naître condamné
Ne demande jamais : “pour qui sonne le glas ?”
Ah ce n’est pour ton jour qu’il résonne ici-bas.
Il sonne le tempo d’une marche funèbre.
Tombant à chaque pas, la veuve d’un célèbre
Romancier, dans la foule, avance. Un cheval noir
En ses naseaux tremblants retient l’aube, ce soir
Cette poussière jaune aura masqué les traces
Où l’ombre sur la tombe égrène les carcasses
Nues des croix sans visite et des marbres fendus.
Discret, un parfum pâle à ses moments perdus
Attire le ciel bas, de chaque sépulture
Monte du cimetière, et la terre murmure :
“Nous croyons que le temps sourit au nouveau-né,
Et souvent l’oublions : chacun naît condamné”.
Acrostiche : Naître condamné