Délire
O fièvre insidieuse, et lente, tu me braves :
Des chiffres en colonne et nombres enfilés,
En délire je vois des monstres empalés
Sur l’écran bicolores en longs fantômes hâves,
Le long de mon bateau je ne sens rien qu’épaves
Dont les mâts tressaillants d’étoiles emperlés
Ne verraient pas l’espace où, comme jugulés,
Ils attendent fraîcheur des heures les moins graves.
Et tantôt de la fin je me rapprocherais
Et ne saurais que dire au monde imaginaire
Où j’avais pu me voir au gré de ma chimère,
Bien après qu’en mon lit seule je délirais
D’un soleil soudain neuf je percevais l’image
Et les couleurs du jour ne furent plus mirage.