Folie d'amour

Dois-je vous saluer avec autant d’égard

Que l’on ne doit qu’aux rois, mais n’est-il point trop tard

Pour dire simplement toute ma déférence ?

Est-il donc bien besoin de longue révérence


Pour louer vos appas, vos charmes gracieux,

Le feu de la prunelle auprès de qui les cieux

Ressortent bien pâlis, ainsi que votre bouche,

Si léger papillon, que nul mot n’effarouche ?


Est-il utile encor d’admirer un instant

Des robes le drapé, le satin chatoyant

Qui cache et qui dévoile une fesse si ronde ?

Sans compter un parfum qui d’ivresse m’inonde,


Me fait perdre les sens, ô sublime senteur

Mêlée à votre poudre à la douce couleur;

De votre voix le son me fait tourner la tête,

Vous entrapercevoir me met le cœur en fête,


Mais m’accorderez-vous un brin d’attention,

Belle virevoltante? Ou bien la passion

Point ne vous effleura, dardant sa longue flèche

Vers le cœur de celui qui s’éloigne en calèche ?