Dieu, l'oiseau et l'oiseleur
L’oiseau s’enfuit, l’oiseleur vole,
L’un poursuit l’autre et Dieu rigole :
“Qu’en est-il donc de liberté
Quand chacun par vivacité
Veut de l’autre devenir maître,
Mais est-il sûr de vraiment l’être?
Bel oiseleur, ne vois-tu pas
Que ton amour mène au trépas
Celui qui ne connaît la cage
Que comme un sinistre rivage ?
Tandis que ton acharnement
Te rend de son gré dépendant ?
Et si tu possédais deux ailes
Est-tu sûr d’encor trouver belles
Cages dorées, claire prison
Où la nature se morfond ?
Aurais-tu donc toujours envie
D’y terminer ta courte vie ?
Admire donc dans les cieux
La course folle de heureux :
Un oiseau, c’est fait pour la danse,
Glisse d’amour, reflet d’enfance…
Alors range tous tes cageots,
Laisse les vivre, ils sont si beaux!”
Et l’oiseleur en fit un songe
Puis vit comme le mal le ronge :
Il écouta parler son cœur,
Libéra l’oiseau, son bonheur.