L'Annamite
Mais dis-moi donc, belle Annamite
Quel langoureux mystère habite
Ton bel œil sombre et si rêveur
Quand tu trimes sous la chaleur
A l’ombre d’un chapeau conique?
Serait-ce ton penchant lubrique
Qui t’éloigne des champs de riz
Quand tu grimpes en fols défis
La pente des montagnes vertes
Où l’histoire vit tant de pertes ?
Guérilla rouge en souvenir,
Hommes tombés sans réagir :
Et tu contemples cet espace
Avant que le jour ne trépasse
Pour retrouver ton amoureux
Que tu combats en subtils jeux.
Il a caressé ton corps pâle
Où brillait l’éclat de l’opale…
Mais cette larme dans ton œil,
Belle Annamite, est-ce ton deuil
De la colline qui tressaille
Et vit passer tant de mitraille ?